Histoire du pieu

Dans un premier temps…

Un pieu, d’après le Petit Robert, est une « pièce de bois droite et rigide dont l’un des bouts est pointu et destiné à être fiché en terre ».

Les premiers pieux installés servaient à ériger des clôtures pour se protéger des envahisseurs ou tout simplement, à garder le bétail des premiers peuples sédentaires. Chaque poteau de clôture est en partie un pieu. Le poteau a une partie dans la terre et une partie hors terre. La partie dans la terre est un pieu et permet de soutenir les structures hors terre. (Aujourd’hui, nous avons aussi des poteaux ancrés à l’aide de boulons sur des bases de béton, mais il en existe encore beaucoup qui sont insérés dans le sol.)

C’est dans les écrits de l’architecte romain Marcus Vitruvius Pollio  que l’on retrouve les plus vieilles explications au sujet de l’usage de pieux. On dit que Vitruvius aurait vécu au 1er siècle Av. J-C.

 

Les premières constructions avec des pieux de bois

1- Les Quais

Une des premières constructions civiles nécessitant l’installation de pieux fut celle de la construction de quai pour l’aménagement portuaire.

En commençant l’installation sur la berge, on pouvait avancer la machine à enfoncer les pieux sur la mer. Au fur et à mesure que des pieux étaient installés, on pouvait rallonger le plancher du quai et avancer la machine pour enfoncer d’autres pieux et ainsi de suite.

Reconstitution enfonce pieux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2- Les ponts

Comme les quais, les ponts avaient besoin d’une fondation solide. Avec l’installation de pieux battus, on pouvait aller chercher une profondeur dans le sol marin qui offrait une résistance suffisante pour y construire la charpente du pont et supporter les charges additionnelles lors de l’utilisation du pont. Plus il y avait de pieux, plus on avait de points d’appui, plus la capacité à supporter des charges augmentait.

English: End piece of a medieval oak tree pile for the foundation of a timber bridge. At the top an iron drive shoe to facilitate the ramming of the originally 8 m long pile into the river bed. Found in 1975 during foundation work of the new bridge across the Fulda river in Germany.

3- Les premiers bâtiments sur pieux

Les premiers bâtiments sur pieux étaient surélevés du sol. Ces maisons sur pilotis avaient comme avantage de se protéger des inondations et aussi des animaux sauvages. De plus, les pieux apportaient une protection contre l’humidité du sol. Par contre, ces habitations demandaient beaucoup d’entretien à cause de la pourriture constante du bois, particulièrement la partie tout juste hors terre. Celle-ci est constamment mouillée et en contact avec l’air ambiant, elle devenait idéale pour la prolifération de bactéries qui consomment le bois. C’est seulement vers la fin du 19e siècle que des méthodes pour traiter le bois furent découvertes.

 

 

 

 

 

 

 

 

Une forêt souterraine

La ville de Venise est presque entièrement construite sur des pieux. L’ensemble de la ville repose ainsi sur des millions de pieux de bois, provenant des forêts des Alpes et des Balkans. Voici quelques exemples impressionnants :

L’église Santa Maria della Salute se trouve édifiée sur 1,156,672 pieux de chêne et de mélèze, longs de quatre mètres. Le travail de fondations dura deux ans.

Le campanile de Saint-Marc nécessita 100,000 arbres.

 

Avec les temps, ces supports s’affaiblissent, du fait de l’érosion par l’eau salée de la lagune, dont la teneur en sel est la plus chargée d’Europe. Les pieux sont remplacés par d’autres lorsque cela devient nécessaire, mais il arrive que de très vieilles bâtisses s’effondrent malgré la surveillance des services techniques de la ville.

4- Les pieux pour retenir la terre lors d’excavation profonde

Les pieux avec palplanche en bois furent utilisés depuis les Romains jusqu’au début du XXe siècle pour former des bassins, digues, ou batardeau.

 

 

 

 

 

 

 

Les terres dans leur état naturel ont l’habitude de se former en un tas pyramidal à la façon d’un tas de sable. Le système permet de retenir les sols en place dans un angle vertical. Le principe est de couper une partie de la base de la pyramide et de retenir la poussée des terres avec un mur. Les poussées sont minimes au niveau du sommet, mais vont en augmentant vers la base.

Le mur de soutènement est composé de panneaux de bois, d’acier ou de béton empilés entre deux pieux foncés dans le sol avec insertion progressive des panneaux entre les deux pieux. L’excavation se fait en alternance en fonction de la tenue des terres avoisinantes.

 

 

 

 

Héneault & Gosselin